On vous l'a dit, nous attendons avec beaucoup d'impatience "For lovers only", le prochain film des frères Polish, même si nous n'en avons vu que quelques bandes-annonces la semaine dernière. Nous l'attendons tellement que nous avons pris notre courage à deux mains et que nous les avons contactés directement. Heureusement pour nous, Mark l'acteur et Michael le réalisateur ont gentiment accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.
This is a translation from the interview we made. Click here for the English version.
Films de Lover : "For Lovers Only" se fait très discret sur Internet, pouvez-vous donc nous expliquer un peu en quoi consiste votre prochain film ? En avez-vous terminé avec la post-production ?
Mark : Oui, le film est terminé et sa sortie est prévue en juin aux Etats-Unis. L'histoire est celle d'Yves, un ancien photographe de mode et Sofia, une mannequin devenue journaliste. Anciens amants, leurs chemins se croisent à nouveau à Paris et un nouveau chapitre de leur histoire commence. Je voulais vraiment faire un film sur un couple amoureux et pas sur un couple tombant amoureux. Je crois que ce sont deux états bien différents dans une relation. C'est plus intéressant en terme d'histoire parce que les moments partagés sont plus profonds. Je pense aussi que la vie à deux est faite de petits sacrifices, ce qui rend chaque moment d'abandon encore plus beau.
Michael : Je n'aurais pas dit mieux.
Films de Lover : Vous avez défini "For lovers only" comme un hommage aux films de la Nouvelle Vague. Est-ce une influence récente dans votre travail ou est-ce le genre de films que vous avez voulu faire depuis longtemps sans en avoir jamais eu la possibilité avant ?
Mark : Je crois que la génèse de "For lovers only" se situe entre "Un homme et une femme" de Claude Lelouch et "Quatre garçons dans le vent" des Beatles. Nous avons vu ces deux films quand nous étions très jeunes et ils nous ont beaucoup inspirés.
Michael : Il y a toujours eu pour les cinéastes l'envie de prendre une caméra et de tourner sans aucune règle. D'autant plus depuis que la façon traditionnelle de tourner des films est devenue si imprévisible, notamment au niveau du financement. Les avancées technologiques ont permis aux cinéastes de bénéficier d'une très bonne qualité d'image pour un prix très raisonnable.
Films de Lover : La Nouvelle Vague étant avant tout une révolution dans le processus d'écrire et de tourner des films, avez-vous suivi cette façon de faire ou avez-vous tenté de "l'améliorer" ?
Mark : Nous nous sommes complètement immergés dans la Nouvelle Vague à chaque niveau du film. Ce fut d'ailleurs assez gratifiant puisque nous avons pu capturer des moments que nous n'aurions jamais pu tourner, tout en nous permettant, à nous les acteurs, de bénéficier d'un environnement plus intimiste, avec un côté technique réduit. La Nouvelle Vague a apporté une liberté incroyable et en tant qu'artiste, c'est très inspirant. Je sais que Michael a pu filmer une intimité qui me fait rougir dès que je vois les images. C'est ce que l'on peut accomplir de mieux en étant acteur : faire en sorte que son travail soit une sorte de confession, pas dans le sens de péché mais comme si vous disiez toute la vérité. Pour moi, c'est quelque chose de magnifique à regarder. Le risque de filmer à la manière de la Nouvelle Vague est que l'on n'obtient jamais précisément ce que l'on souhaite. Mais on capture des moments auxquels nous n'aurions jamais pensé. Il faut être prêt à faire cet échange. Le vrai risque est de savoir s'il existe aujourd'hui une nouvelle génération de spectateurs prête à accepter la Nouvelle Vague. L'un des obstacles est que le film sortira en noir et blanc et nous avons déjà senti quelques mauvaises ondes sur le fait ne pas le sortir en couleurs. Nous savons déjà que le film aura des détracteurs mais comme le suggère le titre, il ne s'adresse qu'aux amoureux.
Michael : Je ne pense pas que la Nouvelle Vague ait besoin qu'on l'améliore. Avec un peu de chance, nous attirerons l'attention sur ce qui fut une grande période du cinéma. Si l'on peut faire connaitre à un nouveau public les cinéastes de la Nouvelle Vague qui nous ont précédé, ce serait déjà très bien.
Films de Lover : Comment avez-vous sélectionné Stana Katic ? Etait-elle votre premier choix ou s'est-elle imposée ?
Mark : Nous n'auditionnons pas les acteurs, nous préférons les rencontrer, parler de l'histoire et de leur rôle. Nous savons qu'ils sont talentueux et leur capacité à jouer est bien souvent évidente eu égard à leur carrière. Stana était notre premier choix et notre première rencontre. Nous voulions trouver une actrice courageuse et sensible à la fois pour interpréter un rôle comme celui-là, un rôle qui nécessitait une concentration aussi bien devant que derrière la caméra. Elle allait devoir vivre son rôle, comme un boxeur qui ne peut pas se reposer entre différents rounds. Cela peut paraitre un peu extrême comme comparaison mais ayant joué l'autre côté du couple, je peux vous assurer que cela nécessitait une attention de tous les instants. Michael pointait sa caméra sur nous en permanence. Il fallait donc que nous soyions dans nos rôles à tous moments. Notre période de tournage fut très courte, il nous fallait donc filmer tout ce que nous pouvions dans le temps qui nous était imparti. Mais pour en revenir à notre première rencontre avec Stana, nous avons compris aussitôt que c'était l'actrice courageuse et sensible que nous recherchions. Ai-je dit qu'elle est aussi superbe ?
Michael : Stana est une professionnelle dans tous les sens du terme. Une actrice pleine de courage. Et qu'elle soit aussi jolie à filmer ne gâche rien.
Films de Lover : Vous avez tourné votre film en France, de Paris à Nice en passant par le Mont-Saint-Michel. Pourquoi ce lieu en particulier ? Comment s'est passé ce tournage en France ?
Mark : Il n'y a pas de mots pour exprimer l'expérience que fut le tournage en France. Nous n'aurions pu être mieux accueilli et les gens que nous avons rencontré ont été parfaits. C'était un scénario parfait quand on doit tourner avec de telles contraintes de temps et d'argent. Vous ne pouvez pas acheter plus de temps et l'on ne peut pas se permettre l'argent pour les lieux de tournage. Sans la générosité des gens, nous n'aurions rien pu faire et nous avons vraiment ressenti leur amour. Je me souviens d'une fois où nous allions pour payer notre note d'hôtel et le gérant a refusé de prendre notre argent. En tant qu'artiste, j'ai senti qu'on nous remerciait de faire ce genre de film.
Michael : Le Mont Saint Michel représente symboliquement ce qu'est "For lovers only" : un chateau isolé sur une île où personne ne peut se rendre, un peu comme les sentiments entre deux amoureux.
Films de Lover : Un aspect qui nous intéresse particulièrement est celui de la musique qui accompagnera le film, composée par Kubilay Uner. Que pensez-vous que sa musique apportera au film ?
Mark : La musique sera la colonne vertébrale émotionnelle du film. Je ne dirai pas que ce fut difficile mais il a fallu que nous trouvions le bon ton. L'image étant en noir et blanc, un son de guitare produira une certaine ambiance. Il a donc fallu que nous fassions attention au mariage entre la musique et les images. J'aime beaucoup ce qu'a composé Kubilai et j'espère que d'autres personnes aimeront aussi. Sa musique vient directement du coeur. Je crois même que le thème principal du film est basé sur une chanson qu'il a écrite pour demander sa femme en mariage.
Michael : J'ai toujours été un fan de Kubi qui est un partenaire génial, même s'il n'est pas encore trop connu dans le monde des musiques de films. Pas encore tout du moins. La musique du film devrait être disponible début mai sur iTunes.
Films de Lover : Avez-vous laissé une place pour l'improvisation durant le tournage ou tout a-t-il été scripté ?
Mark : Il y a eu quelques moments d'improvisation mais pas dans le sens où on l'entend généralement. Nous n'avons rien fabriqué et le script que nous avions écrit ne nous a finalement que peu servi. Il a surtout permis de combler quelques trous dans l'histoire ce qui fut assez utile.
Michael : La part d'improvisation résidait dans le fait que nous ne savions pas où nous allions tourner jour après jour. Mark et Stana connaissaient l'histoire et nous pouvions la tourner n'importe où. Ils adaptaient ensuite les dialogues suivant les lieux où nous nous trouvions.
Films de Lover : Quand pouvons-nous espérer voir "For lovers only" sur nos écrans français ?
Mark : Nous travaillons actuellement sur la distribution à l'étranger.
Michael : D'une façon où d'une autre, le monde entier pourra voir ce film.
Films de Lover : Et après ? Allez-vous devenir comme Woody Allen et tourner des histoires d'amour à travers l'Europe ou allez-vous retourner à une façon plus traditionnelle de faire des films ?
Mark : J'adorerais faire de nouveaux films dans d'autres pays. Il me faudrait seulement une histoire qui fonctionne. Je suppose que certaines histoires peuvent fonctionner partout mais j'ai besoin d'une connection personnelle avec un lieu pour créer une histoire qui tienne la route. Je ne veux pas passer pour quelqu'un de faux ou d'irrespectueux.
Michael : Tourner en France fut une belle expérience. Si l'on nous donne une nouvelle fois l'opportunité de tourner à l'étranger, je suis partant.
Films de Lover : Notre dernière question est une question classique, que l'on pose à toutes les personnes que l'on interroge. Si vous deviez choisir un seul film d'amour pour une soirée avec l'élu(e) de votre coeur, quel serait-il ?
Mark : C'est une question difficile. Je choisirais sûrement le film du concert "25 LIVE" de George Michael. Est-ce que cela compte comme un film ? C'est visuellement magnifique et sa musique nous transporte à travers toute la palette des émotions.
Michael : Pour moi, la trilogie "Bleu/Blanc/Rouge" de Krystof Kieslowski.
Propos recueillis et traduits
par Frédéric R. via courriel.
Retrouvez toutes nos informations sur "For lovers only" sur notre page consacrée au film.
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Anne (dimanche, 10 avril 2011 18:45)
Intéressant cet échange des frères Polish : sincère et conscient. Cela donne envie d'aller voir ce film, même en noir ét blanc. Au contraire, ce choix reforce l'esthetisme qui resort des images. De surcroit, un réalisateur selectionnant Bleu Blanc Rouge de Kieslowski c'est forcément une caution Qualité !. Quand à l'actrice, Melle Katic, je ne connaissais pas, mais quel potentiel ! A quand une sortie en France ?
FilmsdeLover.com (dimanche, 10 avril 2011 18:54)
Pour l'instant, aucune sortie en France n'est prévue, au moins au cinéma. Le film sort en juin dans quelques salles américaines et après, ce sera au bon vouloir des distributeurs...
vitaamine (dimanche, 10 avril 2011 20:01)
super intéressante l'interview!
Lionel (mercredi, 20 avril 2011 20:18)
La sublime Stana Katic (de la série TV "Castle")et Mark Polish envisagent de venir présenter le film en France peut-être à l'automne prochain, selon leur emploi du temps. J'espère que les distributeurs de films ne seront pas trop frileux et qu'on pourra voir ce film dans un nombre de salles conséquent. Faisons la promotion de ce film autant que nous pouvons...