FilmsdeLover.com a demandé à des blogueurs de tous domaines de partager avec nous leur film d'amour préféré. Chaque semaine pendant l'été (et plus si affinités), vous retrouverez la réponse d'un nouveau blogueur.
Aujourd'hui : Alexandre, de "Plan-C".
| Le blog d'Alexandre |
Sur son blog "Plan-c", Alexandre parle de cinéma à travers des critiques et des dossiers comme les "En 5 scènes" que l'on apprécie tout particulièrement (même s'ils se font rare en ce moment, hum hum). Attention par contre, le jeune homme peut avoir la dent dure avec la quasi-totalité des films de Lover que l'on aime tant. Méchant va.
| Quel est ton film de Lover préféré ? |
"Peut-être est-ce une réaction inconsciente à ma sœur qui regardait en boucle la version Disney mais la plus belle histoire d'amour du 7ème art ne pouvait être que "La Belle et la bête" avec Jean Marais et Josette Day. En tout cas selon moi.
Cocteau le dit en prologue, il faut garder ses yeux d'enfants, accepter le conte et se laisser envoûter par cette tendresse folle. Quelques noms écrits à la craie, des tableaux documentaires de la France rurale, un château surréaliste, deux êtres que tout semble séparer qui s'accordent parfaitement. Dans ce film, il y a tout l'héritage de Méliès, savant fou aux sources du cinéma. C'est aussi le socle d'inspiration de Jacques Demy, Tim Burton ou justement Walt Disney. Le film date de 1946 mais comme les histoires des frères Grimm, l'intemporalité leur sied mieux.
Et l'amour dans tout ça ? Il faudrait être aveugle, et sourd pour ne pas le voir. Les silences, si rares dans le cinéma français des années 40, laissent paraître le souffle de la Belle, femme sacrifiée, Cendrillon chanceuse et cœur en or. Si "La Belle et la bête" me marque plus que les autres, c'est que l'histoire d'amour qui nait dépasse les préjugés. Derrière le visage (le masque) de Jean Marais, au-delà de sa voix effrayante, se cache le regard le plus beau du monde. Quelle déchirure quand ce « monstre » demande sa prisonnière en mariage et qu'elle s'en écœure. Quelle souffrance quand il lui dit « vous me regardez comme un animal » et que celle-ci lui rétorque « mais vous êtes un animal ! » Connait-on beaucoup de films où l'Homme réclame des caprices d'une femme pour sentir autre chose qu'une vague indifférence à son égard ? Le comportement de la Bête reste inédit. Il se cache le jour pour ne pas blesser sa promise, s'accoutre des plus beaux habits tout en acceptant sa laideur.
Il reste stupéfiant aujourd'hui de voir comment l'onirisme de cette histoire nous envoûte. Déjà par la liberté de la mise en scène. On se sent comme la Belle : ensorcelé par ce château aux miroirs magiques, aux bras sortant des murs et aux voix susurrées des objets (« je suis la porte de ta chambre »). On ne peut que pleurer comme un enfant quand la Bête accepte que Belle retourne chez elle, trembler devant le risque d'une promesse rompue, s'extasier devant sa fin aussi tendre que malicieuse. Celle qui fut si longtemps exploitée par ses sœurs mérite par son exemplarité de connaître le bonheur et la prospérité.
Et puis, il y a LA scène, sensuelle et dérangeante de la Belle donnant à boire à la Bête, mi-tendresse humaine, mi-soumission féline. Il faut deux choses pour survivre : de l'eau et de l'amour. Cocteau avait tout compris.
Alexandre."
Merci Alexandre d'avoir partagé avec nous ton film d'amour préféré ! Comme quoi, y'a un petit coeur de Lover qui bat derrière cette carapace insensible aux comédies romantiques. :)
Created with love
in Normandy
Écrire commentaire