La poésie et le romantisme, voilà deux choses qui vont bien ensemble. Il était donc tout naturel qu'on s'y intéresse en référençant 11 poèmes entendus dans des films romantiques, en les accompagnant quand c'était possible de leur traduction française. Celles-ci peuvent d'ailleurs parfois différer tant les traductions ont évolué au fur et à mesure des années.
"L'albatros" de Charles Baudelaire dans "Un long dimanche de fiançailles"
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
"Funeral blues" de W. H. Auden dans "4 mariages et 1 enterrement"
Stop all the clocks, cut off the telephone,
Prevent the dog from barking with a juicy bone,
Silence the pianos and with muffled drum
Bring out the coffin, let the mourners come.
Let aeroplanes circle moaning overhead
Scribbling on the sky the message He Is Dead,
Put crepe bows round the white necks of the public doves,
Let the traffic policemen wear black cotton gloves.
He was my North, my South, my East and West,
My working week and my Sunday rest,
My noon, my midnight, my talk, my song;
I thought that love would last for ever: I was wrong.
The stars are not wanted now: put out every one;
Pack up the moon and dismantle the sun;
Pour away the ocean and sweep up the wood.
For nothing now can ever come to any good.
Arrêter les pendules, couper le téléphone,
Empêcher le chien d'aboyer pour l'os que je lui donne,
Faire taire les pianos et sans roulement de tambours
Sortir le cercueil avant la fin du jour.
Que les avions qui hurlent au dehors
Dessinent dans le ciel ces 3 mots "Il est mort",
Mettre du blanc autour du cou des colombes,
Ganter de noir les mains des agents de police.
Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest,
Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson;
Je croyais que l'amour, jamais ne finirait : j'avais tort.
Que les étoiles se retirent, qu'on débalaye.
Démontez la lune et le soleil,
videz l'océan, arrachez la forêt
car rien de bon ne peut advenir désormais.
"As I walked out one evening" de W. H. Auden dans "Before sunrise"
‘The years shall run like rabbits,
For in my arms I hold
The Flower of the Ages,
And the first love of the world.'
But all the clocks in the city
Began to whirr and chime:
‘O let not Time deceive you,
You cannot conquer Time.
In headaches and in worry
Vaguely life leaks away,
And Time will have his fancy
Tomorrow or today.'
Les années courront comme des lapins
Car entre mes bras je serre
La fleur de tous les Âges
Et le premier amour du monde.
Mais tous les clochers de la ville
Se mirent à carillonner :
Prends garde que le Temps te trompe,
Tu ne peux conquérir le Temps.
Dans les soucis et les migraines
Vaguement s’écoule la vie,
Le Temps fera comme il lui chante,
Demain, ou bien aujourd’hui.
"Childe Harold's Pilgrimage" de Lord George Byron dans "Sur la route de Madison"
There is a pleasure in the pathless woods,
There is a rapture on the lonely shore,
There is society, where none intrudes,
By the deep sea, and music in its roar;
I love not the man less, but nature more,
From these our interviews, in which I steal
From all I may be, or have been before,
To mingle with the universe, and feel
What I can ne'er express, yet cannot all conceal.
Il est au fond des bois un charme salutaire,
Un doux enchantement sur le bord solitaire,
Où le flot écumeux expire en mugissant,
Il est dans la tempête un plaisir ravissant;
L'infini se révèle à notre âme agrandie,
Et la vague possède aussi sa mélodie!
Je n'aime pas moins l'homme en ces sauvages lieux;
Mais, plongeant sur les flots, ou planant dans les cieux,
Ma brûlante pensée embrasse la nature,
Et je livre à l'oubli ma destinée obscure,
Pour pouvoir me mêler à tout l'univers,
Et sentir ce qu'en vain, je murmure en mes vers.
"La complainte du vieux marin" de Samuel Taylor Coleridge dans "Out of Africa"
Laughed loud and long, and all the while
His eyes went to and fro.
'Ha! ha!' quoth he, 'full plain I see,
The Devil knows how to row.'
[...]
Farewell, farewell! but this I tell
To thee, thou Wedding-Guest!
He prayeth well, who loveth well
Both man and bird and beast.
... poussa de longs et forts éclats de rire, et,
tournant les yeux de côté et d’autre,
se mit à dire : « Ha ! ah ! je vois pleinement
que le diable s’y connaît à ramer. »
[...]
Adieu, adieu ! mais je te dis ceci,
garçon de noce !
il prie bien, celui qui aime bien
tout à la fois hommes, oiseaux et bêtes.
"Bright star" de John Keats dans "Bright Star"
Bright star, would I were stedfast as thou art-
Not in lone splendour hung aloft the night
And watching, with eternal lids apart,
Like nature's patient, sleepless Eremite,
The moving waters at their priestlike task
Of pure ablution round earth's human shores,
Or gazing on the new soft-fallen mask
Of snow upon the mountains and the moors-
No- yet still stedfast, still unchangeable,
Pillow'd upon my fair love's ripening breast,
To feel for ever its soft fall and swell,
Awake for ever in a sweet unrest,
Still, still to hear her tender-taken breath,
And so live ever- or else swoon to death.
Brillante étoile ! Que ne suis-je comme toi immuable,
Non seul dans la splendeur tout en haut de la nuit,
Observant, paupières éternelles ouvertes,
De la nature patient ermite sans sommeil,
Les eaux mouvantes dans leur tâche rituelle,
Purifier les rivages de l’homme sur la terre,
Ou fixant le nouveau léger masque jeté
De la neige sur les montagnes et les landes-
Non-mais toujours immuable, toujours inchangé,
Reposant sur le beau sein mûri de mon amour,
Sentir toujours son lent soulèvement,
Toujours en éveil dans un trouble exquis,
Encore son souffle entendre, tendrement repris,
Et vivre ainsi toujours-ou défaillir dans la mort.
"Héloïsa to Abelard" d'Alexander Pope dans "Eternal sunshine of the spotless mind"
How happy is the blameless vestal's lot!
The world forgetting, by the world forgot.
Eternal sunshine of the spotless mind!
Each pray'r accepted, and each wish resign'd;
Que le sort d'une Vierge excite mon envie !
Vertueuse, elle mène une tranquille vie.
Son coeur pur & content jouit d'un heureux calme.
Ses voeux sont exaucés, ses désirs satisfaits,
"The Faerie Queene" d'Edmund Spenser dans "Raison et sentiments"
[...] For whatsoever from one place doth fall,
Is with the tide unto another brought:
For there is nothing lost, that may be found, if sought.
"Sonnet 116" de William Shakespeare dans "Raison et sentiments"
Let me not to the marriage of true minds
Admit impediments. Love is not love
Which alters when it alteration finds,
Or bends with the remover to remove:
O no; it is an ever-fixed mark,
That looks on tempests, and is never shaken;
It is the star to every wandering bark,
Whose worth's unknown, although his height be taken.
Love's not Time's fool, though rosy lips and cheeks
Within his bending sickle's compass come;
Love alters not with his brief hours and weeks,
But bears it out even to the edge of doom.
If this be error and upon me proved,
I never writ, nor no man ever loved.
N’apportons pas d’entraves au mariage de nos âmes loyales.
Ce n’est pas de l’amour que l’amour qui change quand il voit un changement, et qui répond toujours à un pas en arrière par un pas en arrière.
Oh ! non ! l’amour est un fanal permanent qui regarde les tempêtes sans être ébranlé par elles ; c’est l’étoile brillant pour toute barque errante, dont la valeur est inconnue de celui même qui en consulte la hauteur.
L’amour n’est pas le jouet du Temps, bien que les lèvres et les joues roses soient dans le cercle de sa faux recourbée ; l’amour ne change pas avec les heures et les semaines éphémères, mais il reste immuable jusqu’au jour du jugement.
Si ma vie dément jamais ce que je dis là, je n’ai jamais écrit, je n’ai jamais aimé.
"Spontaneous me" et "Continuities" de Walt Whitman dans "N'oublie jamais".
[...] The poems of the privacy of the night,
and of men like me,
This poem drooping shy and unseen that I always carry,
and that all men carry...
Nothing is ever really lost, or can be lost, [...]
The body, sluggish, aged, cold—the embers left from earlier fires,
The light in the eye grown dim, shall duly flame again;
Voilà pour cette sélection ! N'hésitez pas à nous donner des suggestions d'autres poèmes entendus dans des films d'amour pour qu'on puisse faire un autre article sur le sujet.
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marion (vendredi, 06 septembre 2019 15:25)
Le poème qui m'a marqué et m'a beaucoup touché (outre celui de 4 mariages et un enterrement qui est magnifique) c'est celui de "in her shoes", la déclaration d'amour de cameron diaz à sa sœur par un poème de E.E. Cummings, I carrry you heart with me : dispo ici en français ou anglais
https://schabrieres.wordpress.com/2011/11/23/e-e-cummings-jai-toujours-ton-coeur-avec-moi-i-carry-your-heart-with-me-1958/
https://www.youtube.com/watch?v=Yd1Bx8u7Om4