Frankie & Johnny - 1991
Réalisé par Garry Marshall
Avec Al Pacino, Michelle Pfeiffer...
Durée : 1h58
Titre original : Frankie and Johnny
Synopsis : Après avoir passé 18 mois en prison pour contrefaçon, pendant lesquels il s'est découvert un goût pour la cuisine et la littérature, Johnny est engagé comme cuisinier dans un restaurant de New York. Il y rencontre Frankie, une serveuse de nature solitaire et commence à éprouver de l'intérêt pour elle mais celle-ci a eu de très mauvaises expériences avec les hommes et se méfie d'eux.
Notre avis |
Comment qualifierais-tu Al Pacino, cet immense acteur, lovenaute cinéphile ? Moi, je dirais sombre, ténébreux, séduisant, mystérieux et extrêmement charismatique ! Et oui, je sais, j'y vais fort ! Mais au fait, pourquoi parle-t-on d'Al Pacino dans une critique de Film de Lover ? Et bien, j'ai dégoté "Frankie & Johnny", une perle que j'ai vu il y a quelques années, et que j'ai revu aujourd'hui.
Pourquoi personne n'en parle ? Peut-être qu'Al Pacino n'était pas attendu dans ce registre et que ces fans ont été déçus ? Peut-être qu'à l'époque la critique a t-elle été trop sévère ? Peut-être que le couple n'était pas bien assorti ? En parlant de couple, l'autre moitié est Michelle Pfeiffer.
Peut-être...peut-être... Voilà ce que j'en pense : d'un réalisme frappant, à l'opposé du genre hollywoodien. Certains seront tentés de passer leur chemin car, il faut le reconnaître, le film n'est pas parfait : quelques longueurs, peu d'action, une fausse impression de platitude. Il est vrai que Garry Marshall (le réalisateur de "Pretty woman") a réalisé un film sur la psychologie de deux êtres face à l'amour qu'on n'attend plus, au moment où l'espoir est absent.
Au tout début du film, on comprend que les personnages sont meurtris par la vie, ballottés par ses aléas, ses coups de malchance ou ses mauvais choix. Frankie est une jeune femme constamment sur la défensive, se heurtant à une mère alcoolique qu'elle doit rassurer en même temps qu'elle s'en protège. Elle pense avoir raté sa vie par rapport à sa sœur, mariée et heureuse maman d'une ribambelle d'enfants. Même son gentil voisin gay semble avoir trouvé l'amour. Malgré son maigre salaire de serveuse à «l'Apollo Cafe», l'ambiance familiale qui y règne compense ce mal être. Jusqu'au jour où débarque Johnny ! Celui-ce n'est pas vraiment ce qu'il paraît être : tu le découvriras toi-même tout au long du film, lovenaute cinéphile.
J'aime beaucoup les tranches de vie que le réalisateur nous propose : ce passage où l'on découvre ce que chacun fait chez soi après le travail, laissant naître parfois des sentiments amers, entre désarroi et mélancolie, faisant éclater le mal de vivre que ressent chaque personnage. J'aime aussi lorsque Franckie observe ses voisins en se demandant quel sera son avenir...
Le parallèle établi entre la solitude des deux héros est filmé de façon sensible, mais sans misérabilisme, à travers leur routine quotidienne, leurs attentes, leurs déceptions et leur espoir perdu. Le blues est constamment présent et crée une atmosphère particulière faite de sentiments contradictoires. On navigue entre l'envie et l'évitement. Psychologiquement fragile, Frankie a un comportement de défense qu'elle met en place pour ne pas se trouver confrontée à une situation redoutée : l'abandon. On peut dire que leur rencontre est le fruit d'une longue réflexion (surtout pour l'héroïne) et après avoir joué au chat et à la souris, ils finissent par s'apprivoiser...
Entre amour et haine, tendresse et indifférence, on passe un excellent moment, surtout lors de la scène de la fête de Peter, où Al Pacino joue un rôle à l'opposé de ce qu'il fait d'habitude, d'une drôlerie inattendue. Il est magistral comme à son habitude et son jeu intimiste, personnel et profond nous étonne. Il charme Franckie mais aussi le spectateur et semble à l'aise dans ce rôle d'homme affamé d'amour.
La scène du marché aux fleurs, à la fois touchante et troublante , est terriblement bien joué, Michelle Pfeiffer démontrant des qualités d'actrice exceptionnelle : elle apparaît tour à tour apeurée, désirable, émouvante. La scène du clic-clac est cocasse en même temps qu'elle est nous émeut et celle du bowling, n'en parlons pas, tellement elle est intense !
La BO du film n'est pas exceptionnelle mais se laisse écouter. La chanson "Frankie and Johnny", titre du générique, est une chanson traditionnelle américaine interprétée comme un blues. Sachez qu'il en existe de nombreuses versions, jazzye, blues ou encore country. Pour ce qui est des décors, New York est filmée à travers ses quartiers pauvres et défavorisés, et ce qui est un parti pris du réalisateur, probablement pour insister encore sur le côté misérable de la solitude.
Ce film est à conseiller pour un premier rendez-vous car à la lumière de la solitude des deux personnages, on prend conscience de sa propre solitude...
Conclusion
+ Duo d'acteurs effarants par leur talent.
+ Histoire d'un amour/combat.
+ Magnifique mise en perspective de la solitude.
- Quelques longueurs.
La fin, sur fond de « Clair de Lune » de Debussy...
Bande-annonce
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NadEEm (mercredi, 09 janvier 2013 02:27)
Le film en soit n'est pas exceptionnel mais le couple Pfeiffer et Pacino vaut le détour. Ils interprètent à la perfection ses deux personnes déglingués par la vie, essayant simplement d'entrevoir le clair de lune dans l'obscurité de la vie.
dasola (samedi, 16 février 2013 11:42)
Bonjour, j'avais adoré ce film quand il est sorti et il avait reçu un succès public certain (à Paris). Le couple Pacino / Pfeiffer est très touchant comme d'autres personnages (Nathan Lane par exemple qui joue le voisin homo de Frankie. Cette histoire a d'abord joué au théâtre. Bon samedi.
Mentor (vendredi, 31 mars 2017 00:05)
Ce film est en effet loin des grandes sagas romantiques échevelées, mais dans le genre étude psychologique de l'amour , je l'ai trouvé plutôt bien fichu. ( pour ne pas dire bien roulé).
Un bon petit film avec quelques scènes assez drôles. Pas mal du tout.
derf (mardi, 30 mai 2017 20:14)
Rien que pour la scène finale avec le "clair de lune" de Debussy, ce film est inoubliable.