La secrétaire - 2003
Réalisé par Steve Shainberg.
Avec James Spader, Maggie Gyllenhaal, Lesley Ann Warren...
Durée : 1h44
Titre original : Secretary
Synopsis : Lee Holloway n'a pas vraiment tous les atouts de son côté lorsqu'elle vient solliciter un emploi de secrétaire auprès de l'avocat E. Edward Grey. Névrosée et étouffée par sa famille, elle n'a jamais eu d'emploi de toute son existence. Pourtant Lee est embauchée par Mr Grey. Au début, son travail est banal. Mais bientôt, entre taper à la machine, faire le café et classer les dossiers, une étrange relation se noue entre Lee et Mr Grey.
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Un avis
Es-tu à la recherche d'un film OVNI, d'un film romantique mais déroutant, voire dérangeant ? Un film, dont le traitement va te paraître tabou, à l'opposé de l'amour tendresse ? Alors "La secrétaire" est peut-être ce que tu cherches, à l'opposé des comédies romantiques hollywoodiennes. On est même étonné que les Américains, si puritains, sortent un film sur un sujet aussi délicat.
Toutefois, ça a dû plaire puisqu'il est à noter que "La Secrétaire" a eu 5 nominations au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2002. Puis, présenté au Festival de Sundance, il y a récolté le prix spécial du jury pour son originalité. Le film a également été récompensé d'une nomination aux Golden Globes pour la performance de Maggie Gyllenhaal.
De quoi parle donc "La secrétaire" ? Tout d'abord, de la rencontre entre une jeune fille paumée sortie de l'hôpital psychiatrique pour auto-mutilation (qui continue en cachette ses actions masochistes) et d'un avocat introverti, dont le rapport aux femmes est, disons, dominateur. Voilà, le mot est lâché : dominateur. Eh oui, entre les deux personnages s'instaure une sorte de jeu sexuel, sado-maso.
Heureusement, l'éclairage porté sur le personnage principal qu'est Lee Holloway, fait tout l'intérêt du film. Les scénaristes ont eu le bon goût de mettre en valeur toute la psychologie complexe de cette femme dont les problèmes datent de l'adolescence.
Tout d'abord, on comprend que Lee fait partie d'une famille éclatée. Elle est flanquée d'un père alcoolique et absent et d'une mère dépassée par les événements et sur-protectrice (elle enferme les couteaux à double tour). Quant à la sœur qui s'est mariée pour prendre la poudre d'escampette, elle m'a paru égoïste et n'entretenant aucune complicité avec sa sœur : bref, elle ne la comprend pas et ne fait aucun effort pour ça.
Lee doit donc s'en sortir toute seule ou presque. Elle prend des cours de secrétariat, obtient son diplôme et se fait embaucher par un avocat qui vire ses secrétaires les unes après les autres. Jusque là, c'est banal. Sauf que Lee résout ses conflits en se mutilant. Elle possède tout un attirail dans une trousse et la sort même au travail.
Là, tu vas me dire que c'est glauque. Mais ce n'est pas tout. Son patron s'en aperçoit et décide de l'aider à s'en sortir mais d'une drôle de façon. Il parvient à lui faire délaisser ses « mauvaises manies » au profit d'un petit jeu sadique, consistant à lui faire faire n'importe quoi, y compris à subir des fessées. Oui, tu as bien lu, des fessées. Alors, on peut se dire que c'est ridicule, on peut être outré, voire scandalisé, mais le réalisateur a traité le sujet sans tomber dans un voyeurisme effréné.
Lee, grâce à ces pratiques, s’affranchit et devient plus sûre d'elle. Elle se libère peu à peu de l'emprise de sa mère et commence enfin à savoir ce qu'elle veut. Et ce qu'elle veut, c'est l'avocat ! Mais lui s'imagine qu'elle n'a qu'une attirance sexuelle. Il refuse de voir ces jeux sous un autre jour.
Le personnage d'Edward Grey manque un peu de relief, c'est dommage. Il semble parfois inerte voire insensible (même si certaines scènes nous font comprendre le contraire). Parfois, on doute vraiment de ses sentiments : on ne saura qu'à la fin, suspense, suspense...
Le romantisme n'apparaît que par petites touches, tout au long du film, le côté sexuel étant dominant. En fait, LA scène romantique n'a lieu qu'à la fin du film et c'est réjouissant et très bien tourné, avec beaucoup de tendresse et de sensualité. Cette scène à elle seule rend ce qui s'est passé avant plus compréhensible.
Concernant les décors, il n'y a rien de particulier à noter, excepté peut-être l'ambiance feutré du bureau, ou encore l'endroit où se déroule la scène finale. La musique insiste sur le caractère particulier de cette relation. C'est Angelo Badalamenti qui l'a composée et il a réussi a créer une ambiance idéale, qui colle parfaitement au sujet. J'adore un titre en particulier, "I'm Your Man" de Leonard Cohen.
Maggie Gyllenhaal (vue dans "L'incroyable destin de Harold Crick") joue son rôle à la perfection car elle a su faire un habile mélange entre la jeune fille timide, réservée et introvertie et celle qui s'affranchit et devient plus sûre d'elle. Elle habite son rôle simplement, sans chichis, sans fioriture. Je lui dis bravo ! Le jeu de James Spader ("Stargate, la porte des étoiles") est plus critiquable dans le sens où il paraît parfois inexpressif, limite passif. Mais je me montre un peu dure, son rôle étant assez difficile à jouer.
Cher lovenaute, si tu es plutôt tendre et que tu as peur de faire fuir ta conquête, ne regarde surtout pas ce film ! Ce film est vraiment à déconseiller pour un premier rendez-vous. Mais, si tu as une relation qui a besoin d'être pimentée, ne te gêne pas, ce film est fait pour toi !
Conclusion
+ Sujet tabou parfaitement bien traité
+ Musique d'enfer
+ L'actrice principale, Maggie Gyllenhaal.
+ Humour décalé
- Pas romantique dans le sens où on l'entend.
- Une scène dans le bureau un peu osée
La scène finale bien sûr, pleine de sensualité.
Bande-annonce
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