Le nouveau monde - 2005
Réalisé par Terrence Malick
Avec Christian Bale, Colin Farrell, Q'Orianka Kilcher...
Durée : 2h16
Titre original : The new world
Synopsis : En avril 1607, trois bateaux anglais accostent sur la côte orientale du continent nord-américain. Au nom de la Virginia Company, ils viennent établir
"Jamestown", un avant-poste économique, religieux et culturel sur ce qu'ils considèrent comme le Nouveau Monde. Après quelques péripéties, John Smith se lie d'amitié avec les Indiens et tombe
amoureux de Pocahontas, la fille du chef Powhatan.
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Notre avis
Il ne se passe pas une semaine depuis 2006 sans que j'écoute la bande-originale du "Nouveau monde"
composée par James Horner. Elle trône en haut de mon top personnel des plus belles bandes-originales de films, une sorte de best-of du recyclage musical que James Horner pratique d'un film sur
l'autre. Elle est tout simplement somptueuse. A côté de ça, j'ai beaucoup de mal avec Terrence Malick. Vraiment beaucoup. Son "Tree of life" m'a ennuyé comme jamais et je garde un assez mauvais souvenir de ma première vision de ce "Nouveau monde" lors de sa sortie. Comment concilier mon amour de la BO du film avec son réalisateur ? Terrence Malick a tranché pour moi
puisque 80% de la bande-originale telle qu'elle figure sur l'album n'apparait pas dans le film. Malick a tout simplement viré les musiques pour les remplacer lors de la post-production par du
Wagner et du Mozart.
C'est vraiment dommage parce que tous les tics insupportables de Malick de "Tree of life" (voix off omniprésentes et interrogatives, caméra libre à travers champs et autres) sont ici ou bien mis en sourdine ou bien utilisés dans le cadre de l'histoire. Le style Malick rend superbement hommage à cette nature vierge du Nouveau monde découvert par les premiers colons anglais. Les couleurs et les images sont superbes et les voix off sont moins présentes et servent ici un semblant de propos narratif. C'est du Malick moins marqué, plus effacé et son style se prête très bien à l'histoire d'amour entre John Smith et Pocahontas. La reconstitution est d'ailleurs très soignée et dans les deux rôles principaux, Colin Farrell et Q'Orianka Kilcher sont parfaits. Historiquement, le film colle bien plus à la vérité que le dessin animé de Disney "Pocahontas", même si les historiens s'interrogent encore sur les vrais liens entre Pocahontas et John Smith. Bon, à la limite, on s'en fiche un peu de la vraie histoire, d'autant plus qu'on s'attend à être embarqué par celle-ci et son souffle romanesque.
Hélas, cela n'arrive quasiment jamais. Il y a pourtant absolument tous les ingrédients. Deux amoureux séparés par des camps différents, un amour impossible, un rival, des rebondissements, des retrouvailles... Mais Malick n'arrive jamais à donner du souffle à l'ensemble, à faire décoller les moments qui mériteraient pourtant de te décocher un bon coup dans le coeur (la fin notamment, grand rendez-vous manqué avec le romanesque). Tout semble aller à contre-courant du rythme naturel de l'histoire et j'en attribue la faute complète à Malick et à l'absence d'une musique qui soulèverait tout ça. En fait, ce qui est terrible est que le film raconté uniquement par sa bande-originale est bien meilleur que le film raconté par Malick. L'ensemble est en plus très lent, même si Malick sait filmer l'amour naissant, notamment lors des premiers échanges entre Pocahontas et John Smith. Quand je dis "filmer l'amour naissant", c'est une autre expression pour "filmer des gens qui se roulent dans l'herbe en contrejour ou qui marchent dans des champs" mais à la limite, c'est pas grave. Ce sont même les moments les plus romantiques du film. Mais on a bien souvent l'impression que Malick n'a tourné le film que pour ces scènes là et qu'il se fiche totalement du reste, ne se préoccupant même plus à la fin des deux amoureux qu'il avait si bien réussi à nous faire aimer au début du film.
En fait, ce n'est pas une histoire d'amour qu'a voulu faire Malick. Il a voulu faire un film sur l'influence néfaste de l'homme occidental sur la nature et les peuples indigènes, et c'est assez probant. Mais en faisant cela, il a aussi oublié de construire convenablement son film de façon à ce que l'on s'intéresse à ses personnages principaux qui semblent ici n'exister que pour batifoler dans les champs. De beaux champs certes, mais c'est tout.
Conclusion
+ De superbes images.
+ D'excellents acteurs.
+ Un potentiel romantique prononcé...
- ... mais jamais vraiment concrétisé.
- Très lent.
- Histoire d'amour mal construite.
- Style Malickien très clivant.
Les scènes dans le camp indien.
Bande-annonce
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Lulu (samedi, 03 janvier 2015 14:31)
C'est vrai que ce n'est pas vraiment un film de lovers, mais néanmoins j'avais trouvé que c'était un très beau film. De plus, comme c'est souligné dans la critique, les premiers moments où les deux protagonistes tombent amoureux sont vraiment beaux.
Donc même si ce n'est pas le film le plus lover qui soit, je vous conseille quand même son visionnage, je trouve qu'il vaut le coup :)
Lou (vendredi, 18 août 2017 22:48)
Un de mes films préférés ! 10 cœurs pour moi, j'ai adoré les paysages, l'histoire, les acteurs �
Plouf le chat (mardi, 21 mai 2024 19:03)
La note est salée mais beaucoup de vérité dans la critique. Mallick c'est le genre de mec qui te fait des heures de pellicules puis un premier montage digérable par les gens et qui envoi ensuite tout baladé pour refaire un montage en mode auteur avec des plans certes magnifiques mais sombrant vite dans la lenteur voir la lourdeur, souvent moins approprié au niveau du scénar etc. J'ai déjà lu des critiques de gens du milieu en parler et ne pas comprendre. Malick c'est comme un peintre qui a la technique de David mais une fois l'oeuvre achevé défonce tout pour réaliser un truc moderne abstrait....
Des fois ca passe et on part sur du chef d'oeuvre (la ligne rouge...) et des fois c'est beaucoup moins réussi. J'ai apprécié le nouveau monde mais il y a des choses qui ne vont pas; et si Malick peut être excellent pour injecter de la poésie à contrepied du sujet/style (comme la guerre dans la ligne rouge); il semblerait que son style ne se prête pas franchement à une base censée être émotionnel à la base. Ici le coté aventure complètement manqué a au moins le mérite de dénoncer la fausse mythologie américaine et l'incongruité des relations amoureuses de montrer le coté pathétique et mensongers de ces relations amoureuses.
Tel était-il le but? On en saura rien mais je trouve que c'est ce qui ressort du film: l'amour est en fait de l'esbroufe, la passion cache souvent un manque d'expérience ou de sincérité, un besoin de se raccrocher à la nouveauté à la vie à n'importe quoi ou qui pour s'oublier deux secondes. Et l'amour triomphant, réaliste est celui empreint celui de la raison et des valeurs morales. La sincérité s'oppose aux grandes envolées. Un peu blasant au moins ça mise à l'inverse de ce qu'on voit d'habitude ou le triomphe du soit disant grand amour made in cinéma est une vaste blague dans le monde réel; car même quand on l'effleure, le temps en viendra à bout semblerait-il.
Pas un mauvais non plus mais difficile d'accès et sans trop comprendre où on va et le but avoué/non avoué. On ne peut que s'interroger au moins c'est pas du prémâché.