My sweet Pepper Land - 2014
Réalisé par Hiner Saleem.
Avec Golshifteh Farahani, Korkmaz Arslan, Suat Usta...
Durée : 1h34
Synopsis : Au carrefour de l’Iran, l’Irak et la Turquie, dans un village perdu, lieu de tous les trafics, Baran, officier de police fraîchement débarqué, va tenter de faire respecter la loi. Cet ancien combattant de l’indépendance kurde doit désormais lutter contre Aziz Aga, caïd local. Il fait la rencontre de Govend, l’institutrice du village, jeune femme aussi belle qu’insoumise...
Sortie au cinéma le 9 avril 2014.
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Notre avis
Il y a tellement de choses à aimer dans ce "My sweet Pepper Land" qui sort enfin en France après une succession de sorties décalées depuis le festival du film romantique de Cabourg 2013, là où nous l'avons vu. Tellement de choses mais la principale reste selon moi la grandeur morale des deux personnages principaux. Lui est le nouveau shérif dans cette partie reculée du Kurdistan, en proie à des clans qui n'hésitent pas à faire régner leur loi, elle est l'instit du village, une femme, seule dans un monde d'hommes qui a bien du mal à accepter son caractère et sa façon de vivre.
Dès les premières minutes du film, on s'attache directement à ces deux personnages là, magnifiquement interprétés par Korkmaz Aslan et Goldshifteh Farahani. Le sourire de Goldshifteh... On pourrait en écrire des poèmes sur ce sourire. Il flotte sur le film une atmosphère de western, où la douceur des sentiments contraste avec la dureté de l'environnement. Ces deux-là vont en baver pour se trouver et s'aimer et c'est avec le coeur serré que l'on va les suivre tout au long du film jusqu'au dénouement.
Le film est bien construit, il se suit avec intérêt même si l'histoire d'amour n'est pas vraiment au coeur de l'intrigue. Le réalisateur préfère davantage parler de cette partie du monde livrée à elle-même, où des caïds font la loi et où les forces de l'ordre en sont réduits à se laisser faire ou mourir. Un western donc, ou plutôt un eastern pour être géographiquement exact. Les premiers émois de Baran et Govend suivent un schéma classique et ne devraient donc pas décontenancer les amoureux d'histoire romantique. La rencontre, la séduction, les coups durs. On s'attache tellement à eux deux que plus la fin approche, plus on redoute quelque malheur qui pourrait les séparer à jamais. Ne comptez pas sur moi pour vous dire si c'est le cas. Je pourrais vous le dire mais je suis encore sous le charme de la douce mélodie tambourinée délicatement par Govend sur fond de montagnes brumeuses. Un vrai bon petit film d'amour.
Conclusion
+ Deux personnages très attachants que l'on suit avec plaisir et un peu d'angoisse quand même.
+ Une atmosphère particulière.
+ Des sentiments, beaucoup de sentiments...
- ... mais peu de romantisme à proprement parler.
- L'histoire d'amour n'est pas au centre du récit mais le tout se tient bien.
La fin.
Bande-annonce
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Scarabée (Saturday, 31 May 2014 15:27)
« My sweet pepper land » visible à Dinan! Comme quoi, tout est possible… J’ai donc vu ce film d’Hiner Saleem et je le recommande. Il nous permet d’avoir un regard sur une culture un peu éloignée de la notre (celle du Kurdistan), même si ses composants n’ont rien de bien original (corruption, droits des femmes inexistants, tensions entre peuples voisins et j’en passe).
Mais c’est aussi le portrait d’un pays où tout est à (re)construire y compris les valeurs humaines. Les deux personnages principaux, Baran, le nouveau commandant, chargé de faire respecter la loi écrite contre la loi du seigneur local, et Govend, l’institutrice, jeune femme qui veut vivre émancipée malgré la pression de sa famille et de la société, n’auront pas trop de leur foi pour se faire une place dans ce pays où la kalachnikov vient parfois ponctuer les discussions…
Très bien filmé, très bien joué (les acteurs sont tous excellents, y compris les moins sympathiques), ce film n’est pas vraiment une romance, car dans ce monde de brutes, l’esprit du Lover a bien du mal à y trouver une place, on est bien loin des standards d’Hollywood. Mais il y a quand même de l’émotion qui nous amène à soutenir les deux personnages dans leur lutte.
Au final, une sorte de western kurde, un peu décalé, où l’absurde côtoie la poésie (celle de cet incroyable instrument de percussion, le «hang » joué magnifiquement par Golshifteh Farahani, sublime dans son rôle), où la violence des rapports humains se passe au milieu de décors grandioses, dans des paysages qui se moquent des affres humaines. A voir donc …